Communiqué : Réponse aux accusations de transphobie et d’autoritarisme
Communiqué du 06/12/2019
Le 19 novembre 2019 des antifa ont publié sur le site Rebellyon une lettre de Peter Gelderloos calomniant et injuriant un de nos membres actifs et l’organisation Deep Green Resistance US la qualifiant d’autoritaire et transphobe.
Tout d’abord nous tenons à exprimer notre soutien envers Nicolas Casaux qui a répondu très clairement aux accusations de transphobie en précisant qu’il dénonce « une certaine idéologie transgenriste ». Nous tenons également à exprimer notre soutien à l’organisation DGR US également calomniée. Deep Green Resistance est un mouvement qui partage les positions des féministes radicales critique de l’identité de genre et qui luttent contre toutes les exploitations que subissent les femmes, prostitution et pornographie comprises. L’idéologie transgenriste dénoncée par Nicolas Casaux et DGR est le fait de groupes d’intérêts. Si les violences dont ils sont le fait sont plus visibles aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Unis (nombreux sont les articles dénonçant les dérives de cette idéologie) il est dangereux et stupide de croire que la France est à l’abri de ces dérives autoritaires, la situation actuelle nous démontrant d’ailleurs le contraire.
Des lobbies transactivistes ne cessent de censurer les féministes qui dénoncent la violence du genre, c’est-à-dire les stéréotypes construit par la société et qui définissent le féminin et le masculin. Ces stéréotypes permettent à la domination masculine de perdurer et sont responsables des violences faites aux femmes. Dénoncer la violence qu’exerce le genre sur les êtres qui la subissent n’est en rien transphobe, bien au contraire. C’est bien cette violence qu’exerce le genre, cette injonction à correspondre à ce que la société a défini comme étant féminin et masculin, qui est responsable du mal être que vivent les filles qui ne sont pas « des vraies filles » selon les critères exigés, les garçons qui ne sont pas des « vrais mecs », les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuelles, les intersexes, etc. Le genre, c’est-à-dire la féminité et la masculinité, est une construction sociale qu’il faut dénoncer.
L’accusation de transphobie vise également le fait que les féministes radicales tiennent à maintenir des lieux non-mixtes dans lesquels les femmes puissent se réunir pour discuter librement des oppressions qu’elles subissent. Une tendance transactiviste, violente et autoritaire (il n’y a pas d’autre qualificatif aux vues des menaces qu’ils profèrent) exige que ces lieux soient ouverts aux transfemmes. Certains pourraient croire qu’il n’y a aucune raison pour refuser cela, certains pourraient croire qu’être inclusif c’est surtout et principalement ouvrir les lieux non-mixtes, que ce refus est transphobe. Ce qui est étonnant, c’est que personne ne s’inquiète, comme toujours dans une société patriarcale, du pourquoi de l’importance de ce maintien de la non-mixité, de pourquoi certaines femmes, dans une société où domine la culture du viol et le féminicide, ressentent le besoin, l’urgence, de se retrouver entre elles pour échanger librement de la violence qu’elles subissent au quotidien, de leur traumatisme en tant que femmes nées femmes dans une société où beaucoup trop d’hommes sont des prédateurs. Après les affaires #Metoo, #Balancetonporc, en pleine affaire Polanski, alors qu’une femme est tuée par son compagnon tous les deux jours, on accuse encore les femmes de ne pas être assez empathiques, assez solidaires, etc. Pourtant, il devrait être évident pour tous qu’être inclusif ce n’est pas ouvrir les espaces non-mixtes à tous, porte ouverte à toutes les dérives prédatrices, mais échanger, entendre la souffrance des uns et des autres, s’accepter dans sa spécificité, et lutter ensemble contre ce qui nous avilit et nous dépossède de nos corps : le patriarcat et ses exigences genrées. Qui a déjà participé à des réunions de femmes battues ou violées sait parfaitement qu’une transfemme, un homme devenu femme, un homme ayant grandit dans une société où règne l’asymétrie des genres dès la petite enfance, n’y a pas sa place, ne pas le comprendre c’est nier la souffrance des femmes. Mais il est vrai que cette société y est tellement habituée qu’il faut plus de 60 femmes accusant un homme de viol pour qu’éventuellement elles soient entendues. Les femmes ne sont pas moins discriminées que les transgenres, loin s’en faut, et ceux qui ne sont pas capables de comprendre cela, sont tout simplement, comme n’importe quel autre être humain, égoïstes, ignorants ou cruels. Que des femmes conservent des lieux non-mixtes ne met pas fin au lieux mixtes, chacun est libre de s’y rendre et d’échanger, il est même possible de créer un troisième lieu. On ne lutte pas contre les discriminations en niant celles de tout un groupe.
En ce qui concerne l’accusation d’autoritarisme, rappelons que Gelderloos est un anarchiste qui se réclame d’une horizontalité totale. C’est oublier que l’anarchie est un courant politique riche et complexe dont les rapports à l’État, à la propriété ou à l’autorité varient selon les théoriciens : l’anarchie d’un Proudhon n’est pas celle d’un Max Stirner ni celle de l’anarcho-syndicalisme de la CNT espagnole. Cette dernière, dont l’autogestion était le principe organisationnel fondamental n’excluait pas la délégation de certaines responsabilités, voire de certains pouvoirs, ni même la représentation dans certains cas, dotées sinon d’autorité, à tout le moins d’une certaine « initiative ». Peter Gelderloos n’est donc pas détenteur d’une vérité fondamentale de l’anarchisme et contrairement à ce qu’il affirme tous les anarchistes n’évitent pas DGR. Au risque d’en surprendre certains, il y a des anarchistes chez DGR et des sympathisants qui se réclament de l’anarchie. Les anarchistes qui rejoignent DGR, comme les anarchistes espagnols ou les anarchistes ukrainiens de la makhnovtchina, savent qu’on ne peut mener une guerre contre l’oppression qu’en acceptant une autorité légitime, ce qui est totalement différent de l’autoritarisme et de la prise de pouvoir. C’est ce dogme de l’horizontalité absolue, présent chez de nombreux groupes militants, qui parfois entraîne une confusion entre autorité et pouvoir, autorité et autoritarisme.
Pour finir, nous dirons quelques mots sur ces « antifa » qui ont, à plusieurs reprises, cherché à censurer voire à saboter (en appelant les personnes transgenres à venir insulter des membres de DGR lors d’une table ronde) les prises de paroles et analyses de DGR. Il nous semble donc important de signaler, à ceux qui ont traduit ce texte diffamatoire, qu’il ne suffit pas de se réclamer d’un nom pour être le détenteur d’une quelconque vérité et être le représentant d’une lutte. D’autre part, le fait de voir de la confusion partout est quelque peu inquiétant, est-ce paranoïa ou prédation ? Quand on se permet de traduire et de publier un texte aussi parsemé d’injures douteuses il y a de quoi se poser des questions, bien plus que de la vigilance il révèle un goût pour la justice sommaire et la curée : il y a celui qui désigne la proie (Gelderloos dans ce cas) et ceux qui jouissent de la voir humiliée (comme certains commentaires l’ont prouvé). Ceci prouve bien que certains « antifa » chassent pour affirmer leur « domination ». Il est important de comprendre que pour un masculiniste il est plus que souhaitable d’assigner un genre – tu seras homme, tu seras femme, et ainsi chacun est à sa place – et d’exiger d’entrer dans les espaces non-mixtes.
Tant que la masculinité ne sera pas mise hors d’état de nuire, ceux qui ne sont pas de « vrais hommes » seront toujours trop efféminés parce que ce qui n’est pas vraiment « mâle » est aussi méprisable que la femme.
Deep Green Resistance France.