La civilisation
Le terme de civilisation porte en lui un nombre considérable de connotations diverses qu’elles soient pour certaines négatives mais pour la majorité davantage positives. En effet, on associe généralement ce mode de vie, à la fois état d’une société organisée par un État censé pacifier une violence originelle pré-civilisationnelle et en même temps un processus, un passage d’une situation donné vers un idéal à atteindre, à d’autres termes qui lui sont synonymes dans la vie courante : adoucissement, avancement, évolution, culture, humanisme, perfectionnement, progrès, etc. Certaines personnes plus averties et critiques ont en tête quantité d’événements et périodes de l’histoire au cours desquels ont été commis de nombreux massacres, exactions, colonisations de territoires et de peuples entiers au nom de cette même civilisation.
Pour autant, rares sont les critiques qui vont jusqu’à remettre en question ces conditions matérielles et culturelles d’existence et encore moins prôner de « démanteler la civilisation ». Nous chercherons ici à établir une vision conforme de ce qu’est réellement une civilisation derrière tous les artifices du progrès, de la grandeur et du conditionnement psychologique réalisés pour la maintenir. En effet, malgré les variations qui peuvent exister suivant les contextes historiques, géographiques, politiques et culturels, il subsiste des permanences, des caractéristiques communes à ce mode de vie qui le distingue clairement d’autres sociétés comme, par exemple, les peuples de chasseurs cueilleurs nomades jugés primitifs par les civilisés.
Une idée reçue : la civilisation comme processus et état d’une société, d’une culture particulière
La civilisation possède plusieurs définitions courantes que l’on retrouve dans les dictionnaires, produits de cette même société civilisée. Généralement, elles se rapportent à des conceptions davantage culturelles et ne prennent pas en compte les travaux de l’anthropologie, essentiels pour comprendre la diversité des modes de vie des sociétés humaines.
Une première acception du terme de civilisation se rapporte à un état, une organisation donnée de la société perçue comme exemplaire dans une perspective de comparaison (les autres modes d’existence étant jugés inférieurs, arriérés, archaïques). C’est ce que dit le Larousse en énonçant que la civilisation est « l’état de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres » ou même le CNRTL en la désignant comme « état plus ou moins stable (durable) d’une société qui, ayant quitté l’état de nature, à acquis un haut niveau de développement ». Cette notion de développement est importante puisqu’elle structure encore notre société contemporaine. Elle s’inscrit dans la lignée du mythe du progrès formulé par les Lumières au XVII ème et surtout au XVIII ème siècle et existant sous certains aspects dans l’Antiquité.
Un deuxième sens associé au terme de civilisation considère celle-ci comme un processus, une transition entre deux états selon une approche évolutive, positive, téléologique (la civilisation étant perçue comme une fin à atteindre). Toujours selon le dictionnaire Larousse, la civilisation se rapporte à « l’action de civiliser un pays, un peuple, de perfectionner les conditions matérielles et culturelles dans lesquelles vit un peuple » avec comme exemple la civilisation de la Gaule par les Romains ou celles des peuples autochtones d’Amérique par les colons européens. Le CNRTL donne moins l’impression d’un bouleversement imposé de l’extérieur pour laisser place à un changement choisi (assez faux et mensonger par ailleurs) en désignant la civilisation comme « le fait pour un peuple de quitter une condition primitive (un état de nature) pour progresser dans le domaine des moeurs, des connaissances, des idées ». Dans cette perspective, la civilisation est alors bien considérée comme un idéal dynamique, comme un mouvement universel vers une perfection, une force de développement matériel, intellectuel, social.
Une dernière conception de la civilisation concorde avec celle de culture en se focalisant sur les différences existantes entre les diverses sociétés qui existent dans le monde, leurs particularismes, leurs croyances, etc. Une civilisation est alors considérée comme l’ensemble des caractéristiques spécifiques à une société, une région, un peuple, une nation dans tous les domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques. Les composantes de la civilisation sont transmises de génération en génération par l’éducation. Dans cette approche de l’histoire de l’humanité, il n’est pas porté de jugement de valeurs,. Le sens est alors bien proche de celui de « culture »
Ces quelques définitions données du terme « civilisation » relèvent du sens commun, de la manière qu’ont les membres de la civilisation de se percevoir comparativement à d’autres populations organisées selon des modes de vie bien différents pour ne pas dire aux antipodes de ce système politique, culturel, social et technique. Un retour aux sources étymologiques peut s’avérer utile pour penser clairement un terme aussi polysémique, complexe et lourd de signification.
La civilisation en tant que concept : une création du XVIII ème siècle
La civilisation en tant que concept naquit assez tardivement : c’est en 1756 que le mot fut utilisé pour la première fois avec son sens moderne par Victor Riqueti de Mirabeau dans son ouvrage L’Ami des hommes, ou Traité de la population. Il n’était auparavant qu’une notion confuse, plus apparenté à la politesse et à la civilité. Toutefois, la civilisation en tant que réalité socio-politique existe depuis beaucoup plus de temps en ayant émergé il y a plus de 8 000 ans.
Il peut être intéressant de revenir sur l’étymologie du mot civilisation. Celui-ci vient du latin « civitas » qui signifie « État » , « cité» , « centre urbain » , « ville ». Il s’oppose à la sauvagerie (sauvage provenant étymologiquement du latin « silvaticus » qui signifie « relatif au bois ou à la forêt ») mais aussi à la barbarie, terme qui vient d’une expression grecque désignant les « non-grecs, étrangers ». Ce sont des origines qui semblent assez peu problématiques, factuelles et opérantes pour penser différents modes d’organisation des sociétés mais qui ont évolué pour prendre un sens bien plus comparatiste avec une hiérarchie axiologique (liée à la valeur que l’ont accorde à une personne ou un objet donné).
Ainsi, la barbarie désigne aussi le « caractère de quelqu’un ou de quelque chose qui est inhumain, cruel, féroce » ou même une « action cruelle», ce terme étant alors synonyme d’atrocité, de brutalité ou sauvagerie. C’est un sens qui n’est pas anodin et qui produit un certain regard sur les personnes extérieures à la civilisation. La sauvagerie renvoie à la fois à « l’état des hommes sauvages » mais aussi au « caractère cruel, brutal, barbare ». Le jugement porté à l’égard des modes de vie différents est visible et se repère dans tout un tas de dénominations extérieures. Il en va ainsi de l’expression « mythe du bon sauvage » visant à critiquer des discours qui idéaliseraient les peuples incivilisés considérés comme bons et pures. Bien entendu, la réalité est complexe et l’ensemble des personnes vivant en dehors d’un mode de vie civilisé n’ont pas un rapport au monde soutenable. Mais peu de personnes avancent cette idée qui constitue un sophisme ayant pour fonction de rejeter la critique de la civilisation. En réalité, cette expression du « mythe du bon sauvage » sert principalement à calomnier et à diffamer tous ceux qui ne sont pas civilisés (et donc à glorifier la civilisation) et a été popularisée, entre autres, par des déclarations infâmes, ouvertement racistes et clairement mensongères de Charles Dickens au sujet des Indiens d’Amérique.
A la lumière de ces observations, on s’aperçoit que ces concepts définis par des personnes appartenant elles-mêmes au monde civilisé, en plus de faire preuve d’un ethnocentrisme certain, ont une valeur performative en agissant directement sur la réalité par une vision du monde guidant l’action des individus. Adopter un point de vue différent et surtout plus juste de la réalité sociale, politique et culturelle amène vers un rapport au monde et une action au sein de celui-ci nouveau. C’est ce que dit Thomas Patterson, un anthropologue américain, vers la fin de son livre Inventing Western Civilization quand il explique que « Nous ne pouvons pas continuer à utiliser la notion de civilisation de manière irréfléchie. Les assertions selon lesquelles la civilisation est désirable, bénéfique ou supérieure aux sociétés ne présentant pas de telles hiérarchies sociales ne servent qu’à perpétuer et à promouvoir les perspectives de ceux au pouvoir, autodésignés arbitres et juges de la culture et du savoir. De telles assertions déforment l’histoire. Elle minimisent les accomplissement des communautés et des classes subordonnées et privent leurs membres d’un rôle dans l’élaboration de leur propre histoire »
La réalité de la civilisation : un système politique, social et culturel fondé sur l’organisation et le contrôle d’un territoire et d’une population par un centre urbain
Il est courant de changer le sens des mots pour instiller une confusion permettant d’imposer une certaine idée. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre que la civilisation porterait une acception actualisée désignant à présent « l’ensemble des traits qui caractérisent l’état d’une société donnée, du point de vue technique, intellectuel, politique et moral, sans porter de jugement de valeur. » On parlerait alors de civilisations au pluriel et même de « civilisations primitives », au sens chronologique, sans connotation péjorative. Le problème, c’est que cette définition convient davantage au terme de culture souvent utilisé en ethnologie et anthropologie. Le terme de civilisation renvoie à une culture et un mode d’organisation social précis et bien différent des peuples de chasseurs-cueilleurs souvent nomades et vivant sans structures institutionnelles coercitives et hiérarchiques visibles dans les sociétés contrôlées par un État.
Dés lors, il faut revenir à la naissance de ce mode d’organisation sociale et politique que constitue la civilisation pour adopter un point de vue critique. D’après l’archéologue Gordon Childe dans Urban Civilization, paru en 1950, les premières civilisations les plus connues ayant laissé de grands ensembles archéologiques sont Sumur, l’Égypte antique, la civilisation de la vallée de l’Indus et la civilisation chinoise. Les fonctions de ces ensembles archéologiques monumentaux les différencient des établissement précedents du Néolithique. Le point central qui est indispensable, consubstantiel à la formation d’une civilisation, c’est la présence d’une ville, c’est-à-dire la sédentarisation de populations et leur agglomération dans des espaces délimités et marqués par de fortes densités de peuplement relativement au mode de vie nomade. Cette sédentarité ne pourrait exister sans moyens de subsistance constamment accessibles, extérieurs à l’espace urbain (celui-ci ne renfermant pas les ressources nécessaires à la survie d’une population aussi nombreuse car bien trop dense dans un milieu artificiel). L’agriculture est ainsi indispensable à ce mode de vie nécessitant une concentration de surplus de production. Pour organiser cette production, son acheminement et son stockage, une spécialisation du travail apparaît elle aussi requise avec une élite, c’est-à-dire un groupe réduit de personnes assurant le contrôle social et territorial. Des différences existent entre les individus et à partir de là naissent les inégalités avec une structure de classes, une division sociale hiérarchique.
L’historien Arnold Joseph Toynbee, dans A Study of History conçoit la civilisation comme « état de la société où une minorité de la population est libérée de tout travail, non seulement de la production de vivres, mais aussi de toutes les autres activités économiques…. : soldats de métier, administrateurs et, peut-être, plus que tout, prêtres. »
Derrick Jensen définit quant à lui la civilisation comme suit :
« La civilisation est une culture – c’est-à-dire un complexe d’histoires, d’institutions, et d’artefacts – qui, à la fois, mène à et émerge de la croissance de villes (voir civil, de civis, citoyen, du latin citivitas, État, cité, centre urbain, ville), en définisant les villes – pour les distinguer des camps, des villages, etc. – comme des regroupements de gens vivant de façon plus ou moins permanente en un lieu précis, d’une densité telle que l’importation quotidienne de nourriture et d’autres éléments nécessaires à la vie est requise. »
Jensen remarque aussi que puisque les villes ont besoin d’importer de manière systématique les matières premières et l’alimentation dont elles dépendent, et besoin de croître, elles doivent créer des systèmes pour la centralisation perpétuelle des ressources ce qui entraine « des zones d’insoutenabilité grandissantes et une province de plus en plus exploitée. »
Les implications de la civilisation : insoutenabilité et violence généralisée
Le mode de vie civilisé repose ainsi sur une hiérarchisation des individus divisés en classes sociales qui effectuent un travail pour subvenir à leurs besoins matériels au profit d’une minorité qui les contrôle. Cette stratification entraîne une complexité qui se renforce avec des inégalités sociales et des rapports de domination et de subordination omniprésents. Cette violence généralisée et permanente est nécessaire au fonctionnement même de la civilisation. Elle se déploie contre les populations extérieures à la civilisation et son centre avec l’armée, institution assurant la guerre pour le contrôle des ressources et du territoire, mais aussi contre les menaces à la paix sociale intérieure avec une répression au sein même de la société civilisée. C’est ce qu’explique l’anthropologue Stanley Diamond par cette phrase : « La civilisation découle des conquêtes à l’étranger et de la répression domestique ». Aussi, cette violence n’est souvent pas considérée comme telle car elle ne se manifeste pas directement : elle est diffuse, invisibilisée, intériorisée et délocalisée. Ces rapports de domination et d’oppression structurels et intrinsèques au mode de vie civilisé sont source d »aliénation et de destruction généralisée du vivant.
Nous l’avons dit, le fonctionnement même de ce système repose sur le développement de villes qui en constituent les centres névralgiques. Aussi, la centralisation du pouvoir est indispensable à l’efficacité et la pérennité de la civilisation avec une bureaucratie qui contrôle la production de ressources et en prélève une partie pour approvisionner la minorité détenant le pouvoir. Ce noyau central gère une vaste infrastructure fondée sur des techniques autoritaires : une infrastructure extractiviste, de communications et d’informations et même industrielle.
L’organisation de la vie des sociétés civilisées a des conséquences environnementales avec une dégradation continue des milieux terrestres dont elles dépendent. La civilisation nécessite une artificialisation du monde vivant à l’origine d’une uniformisation omnicidaire : elle s’oppose à l’indispensable diversité biologique. L’agriculture est un mode de subsistance qui engendre une destruction des sols et une déforestation continue pour exploiter de nouvelles terres et ainsi nourrir une population toujours plus nombreuse. En effet, cette culture est synonyme d’empire : la croissance perpétuelle de l’infrastructure, de la production, de son emprise territoriale est indispensable à sa pérennité car elle anéantit les conditions locales qui permettent la vie des êtres humains (et non humains, mais elles ne s’en préoccupe pas). Ce bouleversement total des équilibres écologiques tire son origine de cette volonté d’aménager le territoire et d’ordonner tout ce qui existe. Elle provoque un asservissement généralisée du vivant et un appauvrissement biologique provenant de la sélection d’une minorité d’espèces animales et végétales. Cette logique mortifère ne peut qu’amener à un effondrement qui constitue le stade final de toute civilisation. Les causes peuvent être multiples mais il suffit de s’intéresser aux civilisations passées et leur effondrement pour s’apercevoir de l’insoutenabilité de cette culture qui repose sur une prédation toujours plus grande.
La société industrielle : accélération, renforcement et élargissement planétaire du processus de civilisation par l’industrialisme
Il est courant de considérer que la catastrophe sociale et écologique en cours trouve son origine dans une période récente : la plus éloignée serait le début de la révolution industrielle et la plus rapprochée, le commencement d’une nouvelle ère marquée par la menace atomique. Cette Grande accélération prend différents noms suivant les chercheurs. Le météorologue et chimiste de l’atmosphère Paul Josef Crutzen a proposé en 1995 le terme d’ « Anthropocène », soit l’ère de l’homme, qui marquerait cette nouvelle période où l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle serait devenue une « force géologique » majeure capable de modifier l’ensemble des équilibres biologiques, géologiques et chimiques. Un des problèmes de ce qualificatif est son absence de réflexion sur les degrés de responsabilité dans le saccage généralisé de la Terre en ne prenant pas en compte l’inégale consommation des ressources entre les milliards d’être humains. L’utilisation des ressources terrestres et la pollution générée par les activités humaines n’est pas la même suivant le pays dans lequel on vit ni même la classe sociale à laquelle on appartient, les plus riches polluant bien davantage que les plus pauvres. Un autre concept plus récent, celui de « Capitalocène », vise à contourner cette vision englobante et uniformisante de l’humanité qui serait responsable dans son ensemble : ce serait sous l’effet très particulier de la dynamique du capitalisme, c’est-à-dire d’un système économique, politique et social, bien spécifique et historiquement récent, que ces ravages sociaux et écologiques se sont produits et continuent de s’amplifier chaque jour.
Un autre terme convient davantage, celui de « Mégalocène » qui désigne l’ère où certaines sociétés humaines parviennent à être dotées de moyens techniques si puissants qu’elles mettent en branle des forces comparables aux forces telluriques, comme la capacité à modifier à une vitesse encore jamais vue le climat global et la biodiversité. Les désastres générés par la société industrielle (pollutions des sols, de l’air, de l’eau par des milliards de tonnes de produits chimiques, artificialisation et érosion des milieux terrestres par la déforestation et l’expansion urbaine, l’effondrement des populations animales et des espèces végétales dont environ 200 sont exterminées chaque jour, etc.) prennent une ampleur inégalée mais s’inscrivent dans une dynamique d’extermination beaucoup plus ancienne intrinsèque à la civilisation. Il en est de même pour les rapports de domination et l’aliénation des êtres humains qui se sont eux aussi renforcés avec la mécanisation du travail liée à l’industrialisation massive des sociétés. Le point commun entre les civilisations anciennes et notre civilisation industrielle contemporaine est l’utilisation de « techniques autoritaires » comme le soulignait Lewis Mumford. Celles-ci, contrairement aux techniques démocratiques, reposent sur la centralisation, la coercition et la division du travail pour produire une société complexe et puissante mais instable et vulnérable dans ses centres névralgiques et plus particulièrement les infrastructures qui permettent leur fonctionnement. Analyser le fonctionnement de ces systèmes technologiques permet de les comprendre et ainsi de les démanteler.
« Ne nous laissons pas abuser plus longtemps. Au moment même où les nations occidentales renversaient l’ancien régime absolutiste, gouverné par un roi autrefois d’essence divine, elles restauraient le même système sous une forme beaucoup plus efficace de leur technique, réintroduisant des contraintes de nature militaire, non moins draconiennes dans l’organisation de l’usine que dans la nouvelle organisation de l’armée pourvue d’uniformes et rigoureusement entraînée.
Au cours des deux derniers siècles, qui constituent des stades transitoires, on pouvait être perplexe devant l’orientation finale de ce système, car on assistait à de fortes résistances démocratiques en de nombreux endroits ; mais avec l’unification de l’idéologie scientifique, elle-même dégagée des limites qu’imposaient la théologie et les fins de l’humanisme, la technique autoritaire eut à sa portée un instrument qui lui donne maintenant le contrôle absolu d’énergies physiques de dimensions cosmiques.
Les inventeurs des bombes atomiques, des fusées spatiales et des ordinateurs sont les bâtisseurs de pyramides de notre temps : leur psychisme est déformé par le même mythe de puissance illimitée, ils se vantent de l’omnipotence, sinon de l’omniscience, que leur garantit leur science, ils sont agités par des obsessions et des pulsions non moins irrationnelles que celles des systèmes absolutistes antérieurs, et en particulier cette notion que le système lui-même doit s’étendre, quel qu’en soit le coût ultime pour la vie. » (Lewis Mumford)
Pour une réflexion plus approfondie :
James C. Scott, Homo Domesticus, Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, 2019
Clive Ponting, Le Viol de la Terre, Editions Nil, 2000