Depuis quelques décennies l’écologie est devenue un mouvement politique comme tous les autres, qui obéit aux mêmes règles d’accession au pouvoir que les autres partis. L’un des objectifs des partis écologistes est de changer les choses « de l’intérieur », en participant au fonctionnement des institutions locales, régionales, nationales. D’indéniables résultats ont ainsi été obtenus par des personnes courageuses et déterminées, mais quel bilan plus global peut-on en retirer ?
Puisque l’on dispose de plusieurs décennies d’expérience, quels constats peut-on faire par rapport aux résultats obtenus ?
- Les partis écologistes se sont illustrés par de constantes luttes intestines jusqu’à atteindre parfois des sommets pathologiques. Les instances dirigeantes consacrent une grande partie de leur temps à des jeux de pouvoir afin de faire adopter leur vision égotique de l’écologie pour obtenir des postes considérés comme prestigieux.
- Une fois arrivés au pouvoir, de nombreuses personnalités écologistes ont été emportées par l’ivresse de leur triomphe personnel tout en étant confrontées à l’impuissance de pouvoir agir sur le système (si tant est qu’ils essayaient de le faire). Ces personnalités et ces élus ne servent bien souvent que de caution morale à des instances immorales qui tolèrent leur présence tant qu’ils obéissent aux ordres. Ces écologistes sont condamnées à se vanter médiatiquement de pitoyables mini-mesures alors que la mécanique capitaliste peut continuer librement à fonctionner. La cause écologiste est devenue reniement.
- Lorsque l’on utilise son énergie à des affrontements individuels sans fin ou à digérer sa soumission politique, on en oublie les fondamentaux de son engagement d’origine. Beaucoup d’écologistes ont ainsi oublié ce qu’est l’écologie. Ils deviennent des technocrates sans imagination, se transforment en rouages de la mécanique institutionnelle capitaliste, raisonnent en termes uniquement basés sur l’économie, et finalement deviennent des profiteurs du système qu’ils sont censé combattre.
- Les militants écologistes dits « de base » se sont trop longtemps reposés sur les instances dirigeantes de leurs partis. Ces militants signalent les projets locaux de destruction à leur parti, mais s’aperçoivent qu’ils doivent bien souvent se débrouiller tout seuls dans leur combat. Car bien souvent les intérêts dits supérieurs du parti ont pour conséquence soit une censure directe soit une auto-censure.
Les grands partis écologistes sont inefficaces et au pire cautionnent le système capitaliste. Donner sa confiance aux institutions et aux partis institutionnels est une grave erreur. Pour ces partis, il faut toujours soit être en position de défense (la défense de l’environnement) et par conséquent mener des combats d’arrière-garde, soit proposer des changements dans le cadre des institutions dont le but est la continuation du système capitaliste, de ses destructions, de ses inégalités sociales.
Un changement véritable ne peut avoir lieu qu’en adoptant une stratégie d’attaque et de combat contre ce système oppressif. A l’heure actuelle, les coopérations et regroupements en petites entités peuvent s’avérer bien plus efficaces pour s’attaquer aux infrastructures matérielles qui soutiennent le fonctionnement de la mécanique capitaliste et déshumanisante.