Droit de réponse à Memes Anticivilisationnels
Chèr.e.s camarade.s anticiv,
DGR, que nous représentons ici collectivement, a récemment fait l’objet d’une accusation publique de transphobie doublée d’hypocrisie sur votre page Facebook « Memes Anticivilisationnels Pour Une Autogestion Postcapitaliste », lancée par l’un de vos administrateurs.
Nous récusons cette accusation, comme nous l’avions déjà fait par le passé ici, et ici, et nous nous révoltons à l’idée qu’un groupe de personnes se disant révolutionnaires et prétendant lutter contre la civilisation se laisse berner par les discours victimaires de l’une de ses composantes au point de fermer la porte à tout débat en recourant à ce qui s’apparente à une forme d’excommunication.
Comprenons-nous bien, non seulement nous ne nions pas le fait que les personnes transgenres soient victimes de discriminations, mais nous condamnons en outre les entraves qui sont faites à leur liberté de mener leur vie comme ils/elles l’entendent au nom de conventions surannées sur le rôle social des sexes. Pour autant, notre collectif s’interroge sur certaines problématiques reliées à l’acceptation globale de l’auto-identification de genre et nous avons identifié un certain nombre de dérives qui portent préjudice à d’autres groupes sociaux. Sous prétexte de ne pas entraver les libertés d’un groupe particulier on en vient à accepter que d’autres groupes dont l’existence est tout aussi légitime soient vilipendés avec une telle violence parfois, que ce simple fait devrait interroger. C’est le problème du progressisme, de la pensée libérale, de l’intersectionnalité, d’une gauche qui a perdu en cours de route toute réflexion un tant soit peu pertinente. Il faut être très clair sur notre questionnement critique par rapport à l’auto-identification de genre.
Nous récusons le qualificatif de transphobe. Les éléments qui caractérisent la phobie à l’encontre d’un autre groupe humain sont : une aversion pour ledit groupe trahie par une volonté d’exclusion systématique et la tenue de propos haineux ou incitatoires à la haine. Ce n’est absolument pas le cas de notre collectif. Nous ne ressentons aucune aversion pour les personnes transgenres et ne les excluons pas de nos groupes pour peu qu’elles soient ouvertes à débattre avec nous de manière pacifique de nos analyses et nous ne tenons pas de propos haineux ni n’incitons à la haine envers elles/eux. Nous mettons quiconque au défit de prouver que DGR France serait transphobe en avançant un faisceau de preuves sérieuses c’est à dire qui ne soit pas basé sur des réactions émotionnelles violentes ou des commentaires volontairement biaisés de nos écrits isolés de leur contexte comme cela a été systématiquement le cas.
A l’origine, DGR a été accusé de transphobie pour avoir refusé d’intégrer les revendications transactivistes dans son combat. Cela n’est pas de la transphobie. Un amalgame a été fait entre d’une part nos critiques relatives à l’auto-identification de genre et notre refus d’accepter l’intégralité des revendications de l’idéologie transgenre et d’autre part l’exclusion que nous ferions des personnes transgenres. Ce glissement sémantique conduit à la confusion entre les idées et la personne qui les portent. On peut critiquer une religion sans pour autant rejeter les croyants.
Comme il est expliqué sur le site de DGR, le refus d’accepter l’intégralité de l’idéologie transgenre et notamment de la volonté d’imposer de manière universelle l’auto-identification de genre à la société est motivé par le fait que certaines de ces revendications sont incompatibles avec les analyses anticivilisationnelles et antipatriarcales de DGR et le combat qui en découle.
Certaines des revendications des transactivistes sont problématiques parce qu’elles nécessitent l’usage de technologies autoritaires (c’est à dire ne pouvant exister sans une structure autoritaire et anti-démocratique) telles que la médecine moderne (PMA, chirurgie de réassignation de genre, …), voire relèvent du délire transhumaniste.
D’autres revendications telles que d’appeler indifféremment homme ou femme, et de reconnaître comme telle et en toutes circonstances une personne indépendamment de son sexe biologique posent également de nombreux problèmes, à commencer par l’impossibilité pour les femmes de sexe biologiques de défendre certains de leurs droits légitimes, comme cela est apparu manifeste au Canada après l’adoption de la loi C-16 (ici). Avec le recul de l’exemple fourni par différents pays anglo-saxons depuis plusieurs décennies, on peut constater que la volonté d’universalisation de l’idéologie transgenre pose de nouvelles questions. L’existence des détransitionneurs n’est pas la moindre d’entre elles. Car ces personnes vivent un véritable cauchemar. Elles finissent par se rendre compte qu’elles sont simplement homosexuelles ou lesbiennes, et ont le courage de remettre une seconde fois leur identité en question. Or bien souvent leurs ami.e.s trans les rejettent et même les considèrent comme des traitres à la cause. Les revendications de transfemmes voulant participer à des compétitions sportives de femmes biologiques ne peuvent pas être éludées. Et bien d’autres interrogations n’ont pas trouvé de réponse, alors qu’il arrive de plus en plus souvent que le fait même de poser toutes ces questions vale à leur auteur l’accusation de transphobie.
Nous estimons que la posture victimaire adoptée par certain.e.s transactivistes dans leur conflit avec les mouvements féministes radicaux est nuisible aux deux mouvements. Il suffit de lire les débats ayant opposé et continuant d’opposer certaines personnes transgenres à diverses personnalités féministes pour comprendre de quel côté proviennent les discours haineux (ici, et ici), et ce n’est certainement pas du côté des féministes radicales.